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@helloitsanha x eikimoze ⚡️ |
Vous avez aimé commander vos repas en un clic et voir votre chauffeur Delivroo arriver en cinq minutes après un lendemain de gueule de bois ?
Vous allez adorer la Hookup Culture, version humaine du « tout, tout de suite ». À l’heure où l’ubérisation redéfinit nos modes de consommation, les relations amoureuses semblent avoir suivi le même modèle : rapides, sans engagement et parfaitement interchangeables comme des pièces de Polly Pocket.
L’amour à la demande illico presto : swipe, match, consomme et jette
La promotion de l'amour en solitaire, des pros dans votre feed LinkedIn
Les influenceurs, ces grands prêtres du temple numérique, ne sont pas en reste. Clara EnjoyLove, star de TikTok, publie des tutoriels sur « comment éviter les red flags sans jamais baisser la garde », tandis que Max @GhostMaster partage des anecdotes sur ses exploits de ghosting comme s’il avait gagné une médaille d’or. Des millions d’abonnés prennent des notes et des captures d’écran, prêts à vivre leur vie amoureuse comme un épisode de série où personne ne s’attache.
Des tutoriels se multiplient en snack content pour vous offrir les clés des relations amoureuses 2.0, tout est devenu mathématique et source de business. De véritables publicitaires avec une option marketing bachotage qui vous font davantage plonger dans un burn-out émotionnel que dans les bras de votre prochain partenaire de vie.
L’économie de la vitesse : un crush en 10 minutes satisfait ou remboursé
La Hookup Culture reflète aussi cette obsession contemporaine pour l’efficacité. À l’ère des livraisons en un jour et des repas HelloFresh prêts en dix minutes, qui a encore le temps pour les longs dîners et les discussions à cœur ouvert comme dans le Père Noël est une ordure ? Le modèle « rapide et pratique » s’applique désormais aux relations : un échange de messages succincts, un enchainement de small talks, une rencontre éclair, un bisou furtif et voilà, tout est plié.
Le problème, c’est que cette logique, pensée pour maximiser le plaisir immédiat, ne plus avoir de sens. Comme avec une pizza livrée trop vite et que l'on mange rapidement, l’expérience peut être insatisfaisante : ni pleinement nourrissante, ni vraiment mémorable.
Une transaction corporelle mais sans engagement ou avoir le goût du risque
Si l’ubérisation a ses avantages, elle a aussi ses travers. Tout comme les livreurs précaires sont interchangeables aux yeux des plateformes, la Hookup Culture tend à déshumaniser les individus. Une fois la transaction terminée – plaisir contre moment partagé – il n’y a plus d’attache, plus de reconnaissance.
Chacun devient un acteur dans un système où la règle d’or est d’éviter toute forme de dépendance. Parce qu'on le sait tous, aujourd'hui, construire quelque chose, ce n'est pas trendy et montrer ses sentiments, c'est faire preuve de faiblesse.
Ce modèle, bien que séduisant à court terme, montre rapidement ses limites. Tout comme l’économie des plateformes e-commerçante commence à révéler ses effets néfastes comme l'épuisement des travailleurs physique et émotionnelle, la fragilité des emplois, la Hookup Culture laisse derrière elle un sillage de solitude et d’insatisfaction. Mais au moins, l'avantage, c'est de dormir solo dans un lit propre. Par contre, le plaisir immédiat ne compense pas le manque de connexion véritable et de liens profonds.
Retournons aux flirts innocents et aux booms, en gros, ralentissons la cadence
Alors que cette économie des corps continue de s’imposer, une question se pose : sommes-nous vraiment gagnants dans ce système ? Peut-être pas. Comme des humains qui se rangent sur commande dans le garage comme une piscine gonflable en attendant les beaux jours d'été. Dans un monde obsédé par la vitesse et l’efficacité, peut-être est-il temps de réévaluer nos priorités. Tout comme certains prônent un retour à des circuits courts et une consommation plus responsable, pourquoi ne pas imaginer une « décroissance émotionnelle » ?
Ralentir, prendre le temps de connaître l’autre, et, soyons fous, oser s’attacher. Parce qu’à force de tout vouloir tout de suite, on finit par ne plus rien vraiment savourer. Et peut-être que l’amour, comme un bon plat mijoté, mérite plus qu’une livraison express.
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