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Eikomania

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Hubert Motte transforme vos pneus en ceinture pour une Vie Plus Belt

Anha S.L x eikimoze ⚡️

Quand on parle de mode responsable, beaucoup de personnes l'associent à une écologie un peu hippie et aux coloris un peu boring. Effectivement, la production hexagonale a le vent en poupe puisque plus de 70% des Français sont prêts à acheter plus cher pour du made in France. 

Mais sachant que rien n'est forcément "totalement" 100% français et que la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde, l'upcycling est un moyen de consommer mieux et local. Cette pratique commence à prendre l'ampleur entre les repair cafés, les jeunes créateurs qui fabriquent leurs produits avec des dead-stocks... et la journée internationale de la réparation insuffle ce mouvement. 

C'est le pari que s'est lancé Hubert Motte, fondateur de la Vie Est Belt. En 2017, l'artisanat coulant dans ses veines, il a commencé par récupérer des pneus de vélo pour les transformer en ceintures. Le succès de cette petite production lilloise fût au rendez-vous et a su convaincre. 

Les pneus d'Hubert ont fait du chemin et se retrouvent dans l'entrepôt de la Belterie à Roubaix qui développe aussi des accessoires recyclés à base de tuyaux de pompiers, de cordes d'escalades et de draps old-school transformés en sous-vêtements au style vintage. 

Entrevue avec celui qui a décidé d'avoir de l'impact non seulement avec ce côté écologique mais aussi en mettant en place des emplois solidaires pour être full inclusif. 
🚲



Hello Hubert ! Déjà, comment vas-tu ? 

Ça va bien. Nouvelle énergie dans le projet puisqu'on a fêté nos six ans en juin, et je trouve que c'est un enjeu que de réussir à se renouveler, à retrouver un dynamisme des débuts d'un cycle. Et là, on rentre dans un nouveau cycle, donc c'est génial avec ce nouveau lieu, cette nouvelle équipe. 

Je voulais savoir selon toi, quelle est ta définition de l’upcycling qui est très tendance en ce moment ?

Déjà, c'est génial que ce soit tendance et j'espère que ça parlera encore longtemps. Mais la définition pour moi c'est de prendre une matière et de lui donner un autre usage. Et là où le recyclage c'est prendre une matière et venir refabriquer une nouvelle matière avec.

Et ça, ça implique des processus qui sont parfois un peu complexes, énergivores et pas très écologiques. Et derrière ça, l'histoire n'est pas du tout la même d'un point de vue du rendu de la matière. Nous, d’un pneu de vélo qui avait sa fonction de pneu de vélo, on prend, on le découpe, on le lave et on refait directement une ceinture avec. Donc un nouvel usage, avec une même matière

Et ça lui donne ce style unique où on retrouve du coup l'ancienne vie de la matière. Comme nos draps avec lesquels on fait nos caleçons, comme les cordes d'escalades avec lesquelles on fait nos ceintures.

Les cordes d'escalade ? J'étais restée sur les pneus...

C'était notre point de départ, le pneu de vélo, de voiture, les cordes d'escalade, les tuyaux des pompiers. Et ça fonctionne bien, on sort de la ceinture basique noire pour changer, varier. 

On s'adapte à la matière. C'est pour ça qu'on a développé ça avec les cordes d'escalade parce qu'il y a aussi d'autres couleurs et parce qu'on peut toucher d'autres gens et d'autres styles. 

Anha S.L "Hubert de La Vie Est Belt"


Ça a commencé comment ta passion pour le pneu… et les ceintures ?

C'est une nouvelle passion ! Mais la vraie motivation était de partir d'un déchet  et de réussir à faire un produit avec. Et de changer notre système de consommation et de fabrication de produits.

Et plutôt que d'être sur un schéma linéaire où on vient extraire de la matière, on fait un produit, on est derrière ça finit en déchet. 

"C'est de partir de ce déchet et 
rendre les choses de 
manière plus circulaire."

Alors j'avais quand même un lien avec le pneu, c'est que moi je roule beaucoup à vélo et j'adore ça. Et notamment pour faire des voyages, pour même partir sur un week-end et me déplacer tous les jours, je suis à vélo. 

Et donc c'est parti de cette envie de faire un produit circulaire et de ma passion pour le vélo. C'est parti du pneu de vélo qu'on incinère par millions, qu'on ne recycle pas parce que c'est compliqué à recycler et qu'on ne peut pas éviter.

Là où une bouteille en plastique, on peut avoir une gourde et on n'a plus besoin de bouteille en plastique. 

"Le pneu, il n'y a pas
d'alternative"

...et donc l'envie d'utiliser cette matière pour lui donner une nouvelle vie.

Donc la ceinture est la meilleure alternative ? 

Et la ceinture, ce qui est chouette, c'est que ça touche et ça parle à beaucoup de gens. On est plus de la moitié à porter une ceinture. Et c'est un produit qui est finalement pas si compliqué à fabriquer par rapport à un sac à dos ou à d'autres types de produits. 


"Et moi, j'avais vraiment 
envie  de démarrer en 
fabriquant moi même,
en étant l'ouvrier"

Et parce que j'adore ce côté manuel, matière... la créativité autour d'une matière pour faire quelque chose. Et c'est parti de ça. Donc c'est ça l'histoire avec les premiers pneus de vélos collectés de ma vie étudiante à Lille, en coloc où j'avais aménagé un atelier dans la cave de la coloc, à découper les pneus, à les démonter... J'ai des photos de tout ça, c'est assez folklorique. 

Vraiment Système D, au départ ? 

Dans les trois ans, je n'avais pas beaucoup de financement. J'avais 300 euros que j'avais mis dans des outils achetés sur le Bon Coin. Et puis j'ai démarré avec ça. Avec mon vélo, j’ai fait le tour des ateliers de Lille, de tous les vélos pour ramener les pneus sur mon dos dans la fameuse coloc et je développais, découpais et fabriquais tout moi-même. 

Et les premières ventes ont eu lieu dans cette cave où des gens m'ont contacté sur Facebook et venaient. 

Pourquoi le jeu de mot « La Vie Est Belt » ? Est-ce un clin d’oeil à un avenir plus éco-responsable ?

En tout cas, c'est l'envie d'interpeller à travers le nom de la marque. D'essayer de rendre la vie plus belle avec des ceintures. On sait très bien qu'on ne va pas changer le monde juste en faisant ça. Mais on participe à une manière un peu plus vertueuse et optimiste de faire de l'économie, de faire des produits.

Donc c'était à la fois interpeller et faire un petit jeu de mots qui parle aux gens.

Dans l'optique pour lutter contre l'ultra fast fashion par exemple ? C'est ton combat ? 

Oui, exactement. Notre combat c'est de permettre aux gens de consommer moins et mieux. Et de se poser les questions sur l'impact de leurs achats, et nous, on prouve qu'on peut réutiliser des matières fabriquées en local et faire des productions du style qui sont uniques et qu'on peut faire toutes les tailles. 

Donc là, elles sont trop longues. On les taille surmesure sur le poste qui est là-bas et sur notre site, il y a toutes les tailles et on a même toutes les largeurs. 

Anha S.L – "La collecte des pneus de vélo"

Peux-tu nous dire comment tu as le déclic pour entreprendre dans la DNVB et quelle a été l’anecdote de ta première vente ?

Le déclic, j'avais vraiment envie de pouvoir être en lien avec un peu toute la chaîne de valeur du produit et donc d'être à la fois dans la fabrication et à la fois la vente en lien direct avec le client. Et ça me plaisait, de pouvoir avoir toute cette transparence là, avec les gens qui suivent l'aventure, avec les gens qui achètent, et pouvoir leur raconter comment on fabrique, pourquoi on fabrique comme ça et d'avoir toute cette transparence.

Et les anecdotes du début, c'est ce fameux atelier, je communiquais sur Facebook à l'époque en 2017. Et notre journal du Nord – La Voix du Nord – qui m'a contacté, voyant un peu le truc se faire relayer sur Facebook et qui est venu faire un article dans l'atelier. Et c'est le premier article de presse et suite à cet article, des gens me contactaient sur Facebook ou via mon numéro de téléphone que j'avais mis sur la page et venaient soit me déposer des pneus à la coloc, soit m'acheter des peintures. 

Et ça a démarré comme ça par le bouche à oreilles. Je crois beaucoup au bouche à oreilles car 

"quand on entend parler de 
quelque chose qui nous parle, 
qui nous interpellent, on a envie 
d'en parler autour de nous"

et d'autant plus si je pense que les gens, les premiers qui venaient dans la cave, il y avait quelque chose d'assez mythique car c'était une vieille cave lilloise voûtée en brique.  

Et puis cet atelier un peu de fortune, avec de la musique, une petite déco et tout. Et c'est vrai que c'est assez atypique. C'est ce qu'on a voulu reproduire un peu ici.

Tu vas dans celui industriel, pouvoir au même acheter les produits et voir comment ils sont fabriqués. Et puis surtout, ce sont des produits qui proviennent d’une matière, qu'on n'a pas l'habitude de voir, c'est à dire du caoutchouc issu du pneu de vélo et de voir tout ça. C'est très visuel. 

Il y a un bel ADN, je pense que tu es le seul à le faire en France ? Car même les grandes industries n'ont pas eu cette idée pour le coup...

Oui, je pense que ça sort un peu des sentiers battus aussi, parce que récupérer récupérer une matière, ça demande toute une rigueur et une mise en place de processus pour collecter, trier, nettoyer, chose qu'on ne fait pas vraiment. 

Dans un process d'économie linéaire où on vient juste acheter une matière en rouleaux de cuir ou de similicuir, on vient la découper et faire une ceinture avec.

Il y a tout un travail de collecte qui est tout en amont et le travail de la matière avant de pouvoir commencer à en faire quelque chose. 

"On trie les pneus 
un par un"

Il faut être sûr de la qualité du caoutchouc, des largeurs pour pouvoir derrière, paramétrer une machine à découper à la bonne taille, à la bonne largeur. Donc on a cinq largeurs différentes de deux cm par quatre. Et derrière il y a un gros travail de nettoyage.

C'est comme les draps que nous transformons en caleçon. On trie les draps dans les centres de tri, on les transmet à une blanchisserie qui les lave, qui les repasse, et derrière on doit les découper et les monter en caleçon. Donc on a tous les motifs qui puissent être. Du coup, c'est du coton issu du linge de maison. 

Et s'ils sont tous là, c'est notre petit corner braderie où il y a des petits défauts. Par exemple, il y a un petit accroc dans le textile, du coup, on les vend moins cher, à échelle locale quand les gens viennent.

Je trouve ça impressionnant d'avoir eu cette idée aussi de faire ce produit là avec des draps avec ces motifs particuliers ! 

C'est ça qui est chouette aussi dans la récup, c'est qu'on réemploie un design qui existe déjà et ça nous donne une grande diversité de motifs. 

Pourquoi avoir fait le choix d’une marque digitale et avec les réseaux sociaux où les informations circulent en continu et de façon éphémère, alors comment se démarquer des autres ?

Bien justement, je pense que c'est la transparence aide à ça. En fait, à se démarquer. Finalement, il y a peu de marques qui se lancent, qui sont fabricantes, qui fabriquent eux mêmes le produit qu'ils vendent. Et du coup, nous, ça nous permet de mettre en avant la production, la fabrication, les gens qui fabriquent... 

"Je pense que les gens 
peuvent s'identifier."

Ils peuvent davantage vivre l'aventure en ayant accès aux coulisses, voir comment ça se passe. Ça permet à notre communauté de vraiment prendre part à l'aventure et de la vivre en fait de l'intérieur. Après, on a nos engagements qui sont forts et on parle d’essayer de changer un système finalement et de fabriquer autrement et de partir d'un déchet et donc de tout ce que ça peut impliquer derrière et de comment ça fonctionne. 

Il y a eu beaucoup de pneus jetés ? 

Nous, on collecte en Belgique, en France, dans la moitié nord de la France mais même Paris et les alentours. Et on a fait plus de 40 000 ceintures en pneus de vélo, ce qui est déjà beaucoup. Après, il y a encore de la marge.

"Les chiffres que j'avais 
sur l'Europe, c'était plus de 
10 millions de vélos chaque année"

Mais je pense que ça, c'est le chiffre qui date de 2015. Quand je me lance en 2017, les chiffres que j'avais, je pense qu’on est bien plus au-delà. Donc, il y a encore du pain sur la planche, il y a de la place pour revaloriser.

Anha S.L – "Clément et le secret de la ceinture"


Produire Made In France en slow-fashion est une réponse directe à la fast-fashion. La mode étant la deuxième industrie la plus polluante au monde, ton entreprise me rappelle celle du Slip Français. Est-ce que pour toi, cela a toujours été une évidence de fabriquer, penser et consommer mieux ?

Non, ce n'était pas une évidence lorsque j'étais étudiant, notamment. et je pense qui m'a aidé à commencer à me poser des questions c'est justement du bouche à oreilles, les gens autour de moi qui sont engagés... J'avais une pote qui était végane et quand j'avais 18 ans, au début, je ne comprenais pas encore vraiment parce que je n'avais pas assez de connaissances sur ce sujet là.

Et c'est en questionnant, me renseignant, en regardant des documentaires aussi, que j'ai commencé à comprendre un peu l'impact néfaste de nos systèmes et de la surconsommation, et des plus éveillés d'un point de vue écologique, chose qu'on est beaucoup plus aujourd'hui, je trouve. 

Et qui m'a permis de me rendre compte, de changer, de pivoter, de changer mon mode de vie et de changer de métier aussi. Parce qu'avant, j'étais ingénieur dans une grosse boîte pendant mes études en alternance pendant trois ans. Avant, j'étais chez Décathlon, je créé des produits qui étaient pour la plupart fabriqués en Chine, au Bangladesh ou au Vietnam et avec un impact écologique clairement désastreux, avec des produits le moins cher possible pour que les gens en consomme le plus possible sans savoir même, s'ils en ont besoin. 

Et j'ai commencé à me rendre compte de toute l'aberration de ce système... 

"et de vouloir, moi, 
proposer autre chose,
d'insuffler autre chose."

Donc ça s'est fait progressivement, mais à 23 ans, j'ai commencé à être bien mûr pour accepter de quitter ce qui me convenait pas et partir d'une feuille blanche pour écrire vraiment mon métier, mon histoire.

Avec une proposition qui se veut plus alignée, plus écologique à mes yeux et avec beaucoup plus de sens. Et c'est génial ça, parce que c'est là qu'on trouve énormément de motivation et d'énergie pour monter son projet. Parce que c'est raccord avec cet alignement, de faire ce qu'on aime faire et en plus avec le sens  qu'on a envie de d'amener dans cette société, dans ce monde... 

Je pense que c'est une question à se poser et c'est important pour moi de prendre des décisions et d'agir. Je pense, qu'il y a beaucoup de gens qui ne sont pas forcément raccord avec leur métier mais qui ne bougent pas forcément.

Alors c'est compliqué mais pas toujours. Il y a souvent d'autres facteurs qui entrent en jeu, notamment financiers. Pour moi, c'est important de réagir, de bouger le plus vite possible pour planter des graines et se créer un projet professionnel plus aligné et pouvoir grandir avec ça, plutôt que de rester dans des schémas qui ne nous conviennent pas.

Pour entreprendre, il faut avoir l'idée, penser aux fonds, ça reste difficile, non ? 

Pour moi, pivoter, ce n'est pas forcément entreprendre. En tout cas, c'est peut être changer ou quitter son entreprise, dans laquelle on se reconnaît pas du tout d'un point de vue valeur pour potentiellement rejoindre une autre entreprise, dans laquelle on se reconnaît plus ou quitter pour entreprendre. Ou carrément faire une reconversion professionnelle, changer de métier.

Mais il y a plein de manières de pivoter pour trouver un métier qui a plus de sens, je pense. Une personne qui a une âme d'entrepreneur a besoin de profils, qui ont une âme de contributeur ou de constructeur. On a besoin de différents profils pour mener à bien le projet. 

Il faut certes la personne qui est la locomotive du projet mais il faut des wagons pour assurer et consolider son succès.


C’est quand même une grande question parce qu’il y a beaucoup d'entrepreneurs qui veulent entreprendre justement dans l'écologie tout ce qui est éco-responsable, mais il y en a pas beaucoup qui tiennent leurs idées jusqu'au bout. Et des consommateurs qui pensent que les marques éthiques sont "borings", qu'en penses-tu ? 

L'enjeu, c'est de réussir à utiliser entre guillemets des biais de la fast fashion, avoir une belle DA et tout... Chose qu'on n'a pas forcément mais qu'on travaille petit à petit. 

Mais c'est en fait d'utiliser des codes au service d'une autre manière de concevoir, une autre manière de proposer des produits. Parce que finalement, la fast-fashion a développé plein de techniques qui ne sont pas toutes bonnes à prendre, mais en tout cas qui sont bien pensées pour que l'entreprise et que la marque soient prospères. Et je trouve que pour réussir à jongler avec les deux et rester raccord avec ses actions, ses valeurs et d'essayer d'être attractif, donner envie aux gens de changer les choses, d'acheter sans être dans la surconsommation. 

Un des rôles qu'on a, dans les marques qui sont engagées, c'est tout l'enjeu, c'est de réussir à éduquer, d'être pédagogique, d'expliquer pourquoi les autres font mal et pourquoi nous, on essaye de faire mieux et de mettre en avant un peu les travers d'un système, sans devenir moralisateur, mais en tout cas, montrer une autre manière de faire.

Et j'espère qu'on montrant cette autre manière de faire, on met un peu en lumière ce qui est, ce qui est bien et ce qui est mal.


J’ai vu que tu avais fait une campagne KissKissBankBank qui a bien fonctionné. C’est une super vitrine en terme de communication et un bon moyen de lever des fonds, mais quelle est la méthode pour que les gens investissent au-delà de ton cercle proche ?
 
En fait, c'était pour nous l’occasion de lancer un nouveau produit et de faire parler le projet. Et ce qui nous a aidés à relayer un peu l'info, ce sont les médias. Pendant la campagne, il y a eu Brut. qui avait parlé de ça.

On a fait une campagne de photos où je suis dans la rue en caleçon et ça a été repris par les médias qui s'appellent Creapills sans même nous demander et qui ont relayer les photos en disant : "voici cette marque qui se lance dans les caleçons en draps et ils se mettent en avant en faisant un shooting sauvage dans la rue, à Lille" 

Et ça, ça a fait un bon relais, le bouche à oreilles, le réseau KissKissBankBank qui a une newsletter. Et puis notre communauté qui commence à grandir déjà.

Ce qui nous a aidés, c'est d'essayer d'être un peu innovant sur la manière de communiquer par exemple, une vidéo qu'on avait bien travaillée avec un vidéaste pro qu'on n'a pas mal relayée et on a essayé d'actionner les relations presse. 

Anha S.L – "La mode circulaire"


Quels sont tes objectifs d’avenir pour La Vie Est Belt ?

On a pour but d'avoir plus d'impact, de mieux collecter les pneus de vélos. La grande nouveauté, c'est la Belterie, ici où on est, notre nouveau camps de base à Roubaix, dans lequel on a internalisé notre production. Là où, avant, on travaillait avec un atelier partenaire à Tourcoing. 

Et donc de pouvoir accueillir des gens, avoir l'espace boutique, faire des ateliers où les gens viennent fabriquer eux-mêmes leur ceintures avec leur pneu de vélo.

Puis, continuer à produire davantage des ceintures en pneu de vélo, notamment. Et un des projets pour d'ici un an et demi c'est d'aller ouvrir une nouvelle Belterie à Amsterdam, pays du vélo. 

"Dupliquer notre expérience 
autour de la revalorisation 
des vélos à l'échelle européenne."

L'idée, c'est de monter ça avec quelqu'un en local qui parle néerlandais.

En tout cas, les ceintures sont un très beau cadeau pour les anniversaires, les fêtes ou un évènement particulier. On a une génération qui est consciente que le monde ne va pas très bien, qu’il faut prendre des initiatives pour consommer mieux car elle est un peu éco-anxieuse. Quel est le processus de fabrication et combien de ceintures upcyclés produis-tu chaque année ?

Du coup, on est à plus de 40 000 depuis six ans, mais ça a été en évolution. On planifie 15000 sur l'année qui vient. 

L'envie c'était à la fois d’être dans une gamme de prix qui se veut pas trop élevée – à savoir 39 euros la ceinture – malgré le fait que ce soit du made in France et tout le travail à la main qu'il y a derrière. Donc, le prix moyen d'une ceinture en France aujourd'hui c'est 35 €, on va essayer d'être dans cette gamme de prix.

Et puis à la fois, nous, ça nous permet de se garder une petite marge et de pouvoir payer la production
et toute la chaîne. 

Les fournisseurs aussi ? 

Oui, mais on a peu de fournisseurs. On a juste les étiquettes qui sont faites pas loin d'ici, à Tourcoing, avec la compo "100% pneu de vélo".

Par curiosité, consommes-tu des médias « verts » et impactants, soucieux de l’avenir ?

Quand je prends le train, j'aime bien acheter "We, demain", c'est un magazine trimestriel. J'aime bien aussi regarder les documentaires sur Imago TV, une plateforme de docu gratuite indépendant et engagée.

Une devise pour que les lecteurs et lectrices passent d’une mode plus responsable et les sensibiliser davantage sur l’up-cycling ?

La première chose pour donner envie, de continuer en tout cas, d’avoir et de porter ce genre de produits. C'est la démarche qui est derrière. Ce qui est génial avec ce genre de produits, c'est qu'on retrouve la saveur qu'il y a derrière un produit.

Il y a une singularité dans le design, dans le style, et dans toute l'histoire qu'il y a derrière.  

"Il y a un vrai sens ce qui lui 
donne, ce que j'appelle, 
la profondeur du produit,
qui donne un vrai impact" 

Parce que c'est revalorisé, c'est fait à la main ici à Roubaix, avec de l'emploi solidaire. On n’en a pas trop parlé mais Faustine, c'est grâce à la Mission Locale, qu'elle est là, pour de l'insertion professionnelle et donc c'est tout le sens écologique et humain qu'il y a derrière et ce qu'il n'y a pas forcément derrière un produit classique. Et donc, on retrouve cet aspect unique et singulier. 

Moi je crois beaucoup au fait d'être dans l'action assez vite. C'est pour ça que j'ai voulu fabriquer moi même et avancer comme ça. Mais la reco que je peux donner, c'est peut être plus large sur l'entrepreneuriat.

C'est vraiment être au clair sur pourquoi on a envie d'entreprendre. C'est quoi notre feu, notre source d'énergie pour ça ? Et pour rester fidèle à ça, c'est important. 

Parce que quand on entreprend parfois, il y a des doutes, il y a des complications, et c'est important de ne pas perdre le cap et de réussir à se recentrer sur ce qui nous amène vraiment à entreprendre et à lancer le projet.

Et puis, une fois qu'on est au clair là dessus, c'est d'avancer dans l'action, de questionner, d'aller rencontrer les gens, d'utiliser du culot aussi, pour pousser des portes, tester, des choses, questionner, interpeller et faire. Et c'est comme ça qu'on avance et qu'on apprend. Et faire ! 

Anha S.L "La Belterie de Roubaix"

Pour finir, tu as poussé les portes pendant longtemps ? 

Exemple très concret, au début, je ne savais même pas faire une ceinture. J'étais manuel et bricoleur et ça me plaisait d'apprendre. Mais j'ai testé plein de trucs,  j'ai galéré, j'ai été voir, pousser les portes de cordonneries, d'ateliers, d'artisans cuir à Lille, notamment à Dunkerque. 

Et j’ai eu des refus et j’ai eu des gens qui ont répondu à mes questions, qui m'ont aidé, qui ont réfléchi avec moi. Et c'est comme ça que j'ai pu mettre au point tout le process que tu vois ici. 

"J'avais zéro contacts
dans ces métiers là avant"

Donc tu sais coudre ? 

Oui, enfin sur les ceintures, il n'y a pas de couture. C'est plutôt dérivé. Le gros travail, c'est la découpe et le nettoyage qui étaient un process assez compliqué à mettre en place sur comment découper de manière rectiligne.
 

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