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Dans la grande foire aux euphémismes, le « bisou volé » fait figure de petit malin. Un air de romance désuète, une touche de badinage, une pirouette sémantique pour planquer la poussière sous le tapis de la gêne.
Mais derrière cette bluette sucrée, se cache une réalité autrement plus rugueuse : celle du non-consentement. Prenons les choses avec la gravité qu’elles méritent, mais sans perdre notre ironie, précieuse armure contre la bêtise ambiante.
Un baiser volé, ce n’est pas qu’un clin d’œil aux comédies des années 50 où le héros gaillard embrassait l’héroïne éberluée, laquelle finissait par succomber (merci, Hollywood). Non, un baiser imposé, c’est une agression sexuelle, point barre. Et ça, ce n’est pas moi qui le dis, mais l’article 222-22 du Code pénal qui rappelle que « constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ».
De la galanterie du gentleman au plaquage des forceurs
On entend déjà les râleurs de comptoir : « Faut plus rien faire, alors ? » Si, bien sûr, mais en respectant la notion de consentement, ce petit détail sans lequel un rapprochement devient une intrusion. D’ailleurs, les affaires médiatisées ont multiplié les piqûres de rappel : l’ex-député Denis Baupin, épinglé pour des baisers forcés sous couvert de camaraderie politique ; le producteur Harvey Weinstein, dont les agressions allaient bien au-delà du simple smooch non sollicité. Le hic, c’est que notre société traîne encore un lourd passif de romantisation du geste.
Depuis La Boum et son slow emblématique, on nous vend le mythe du garçon entreprenant et de la fille troublée, qui « dit non mais pense oui ». Or, dans la vraie vie, un baiser non consenti, c’est un malaise assuré, une peur ancrée, et parfois, un trauma durable. Et que dire du monde du spectacle ? Harvey Weinstein, le mogul déchu, ne se contentait pas d’imposer des baisers : il usait de son pouvoir pour réduire ses victimes au silence. Ce qui nous amène à une question essentielle : comment briser la culture de l’impunité ?
Le cinéma : complice du mythe du baiser imposé
Le septième art a largement contribué à faire passer le bisou volé pour un acte romantique. Qui n’a pas en tête la scène culte de Autant en emporte le vent où Rhett Butler embrasse Scarlett O’Hara de force, la maintenant contre lui alors qu’elle se débat ? L’image a fait rêver des générations, mais soyons honnêtes : dans la vraie vie, Scarlett aurait eu tout le loisir de porter plainte. Autre exemple : la saga Star Wars, où Han Solo plaque un baiser sur la princesse Leia alors qu’elle lui demande expressément de la lâcher. Et que dire des classiques français ?
Dans La Boum (1980), Vic (Sophie Marceau) se voit embrassée sans prévenir par son crush, et cela est présenté comme une étape naturelle de la romance adolescente. Dans Les Bronzés (1978), Popeye vole un baiser à Gigi pendant qu’elle proteste… et finit par coucher avec elle. Comme si le « non » de départ n’était qu’une formalité.
Pendant des décennies, le cinéma a entretenu l’idée que le bisou forcé était non seulement excusable, mais même désirable. Comme si, au fond, les femmes attendaient qu’un homme prenne les devants sans leur demander leur avis. Un mythe bien ancré qui a façonné des générations entières de spectateurs.
Des déclarations sous la contrainte
La société, hélas, n’a pas toujours vu les choses sous cet angle. Pendant des décennies, le baiser volé a été glorifié comme un signe d’audace masculine, un témoin de virilité et de charme ravageur. Souvenez-vous des films des années 50 où l’héroïne, d’abord réticente, finissait toujours par succomber au galant entreprenant. À croire que le consentement était un concept né dans les années 2000. Sauf que dans la vraie vie, ce n’est pas si romantique.
Les témoignages de victimes montrent combien un simple baiser forcé peut être vécu comme une humiliation, une violation intime qui sape la confiance en soi. Emma, 24 ans, raconte : « J’avais 16 ans, c’était une fête entre amis. Un garçon plus âgé a profité d’un moment où je ne regardais pas pour m’embrasser de force. Tout le monde a rigolé, moi j’ai fait semblant aussi. Mais j’ai mis des années à comprendre pourquoi ça me hantait. »
Des solutions pour que les bisous restent consentis
1. Éducation et sensibilisation Des associations comme En Avant Toute(s) ou Consentis organisent des ateliers dans les écoles pour expliquer que non, on n’embrasse pas quelqu’un sans être sûr qu’il en a envie.
2. Accompagnement des victimes De nombreuses structures aident les personnes ayant subi ce type d’agression à mettre des mots sur leur expérience et à porter plainte si nécessaire : France Victimes, #NousToutes, ou encore le Collectif Féministe Contre le Viol.
3. Changer la culture populaire Les films et séries doivent évoluer. On voit déjà des changements : dans Sex Education (Netflix), les personnages demandent clairement à l’autre s’il ou elle veut être embrassé(e). Un basculement salvateur.
Le respect semble être une nouvelle mode à adopter... et c'est pas gagné ! Il est temps de dépoussiérer les clichés. Un bisou, ce n’est pas une prise de guerre, ce n’est pas une preuve de courage. C’est un échange, un moment qui doit être partagé dans la joie et l’envie mutuelle.
Alors messieurs, avant de jouer les Don Juan sous la pluie façon Hugh Grant, posez la question : Tu veux ? Parce qu’un vrai séducteur, ce n’est pas celui qui force, c’est celui qui écoute.
Aujourd'hui c'est la#JournéeNationaleDuBaiser alors, il n'y a pas meilleure
— Gendarmerie de la Charente-Maritime (@Gendarmerie_017) July 6, 2025
occasion pour rappeler qu'un baiser forcé ou volé est
une agression sexuelle ! ⚠️
Bref quand c'est non c'est non ! ❌ pic.twitter.com/wqvRlhtOxc
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