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| @helloitsanha x eikimoze ⚡️ |
Samedi soir, dans la salle des Folies Bergère à Paris, un spectacle où comédie, rires, lumières, vire soudain au huis clos militante. Quatre activistes du collectif #NousToutes interrompent la représentation de l’humoriste Ary Abittan en scandant « Abittan violeur », portant des masques à son effigie. Une protestation brutale, assumée, visant le retour sur scène d’un homme mis en examen pour viol en 2021, même si l’affaire a débouché sur un non-lieu confirmé en 2025. Le lendemain, la coulisse supposée intime devient scène publique.
Brigitte Macron, présente dans les loges, s’adresse à Abittan : “S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors… surtout des bandits masqués.” Rires étouffés, air de complaisance… et le malaise instantané.
Une phrase, un mot de trop, un extrait sorti du contexte, et voilà la France à nouveau fascinée par sa question préférée : “C’est qui la conne, aujourd’hui ?”
“Sales connes” : insulte ordinaire ou symbole d’un déni plus profond de la Macronie ?
L’expression fuse, brutale, crue mais le vrai choc ne vient pas seulement du mot. Il vient du contexte. Dans un pays encore traumatisé par les violences sexuelles, entre injures, dénonciations, accusations classées sans suite, ce “sale conne” résonne comme un ultimatum : “Ta colère ne compte pas, seule ma version importe.”
Dire “sale conne” à celles qui osent interrompre un spectacle, briser le silence, réclamer un débat, c’est rappeler que leur voix n’a de valeur que si elle plaît, si elle est conforme. C’est dire que le “non-lieu judiciaire” efface automatiquement l’histoire, les doutes, la parole blessée. Le mot n’est pas neutre, il scelle un verdict social, bien plus qu’un jugement légal.
Rire, spectacle… et impunité revisitée
Car l’affaire Abittan l’a montré : après trois ans d’instruction, de témoignages, de constats médicaux, d’expertises, la justice a rendu un non-lieu.
L’humoriste, dans un retour sur scène attendu, a choisi un spectacle intitulé “Authentique”, où il déclare vouloir laisser le passé derrière lui, parler de lui-même, de ses racines, de ses cicatrices.
Mais ce retour ne passe pas ou plutôt, ne peut pas passer, inaperçu. Pour beaucoup, remonter sur scène après de telles accusations n’efface pas le traumatisme, ni la parole de la victime. Pour d'autres, c’est le triomphe de la présomption d’innocence, la preuve qu’un non-lieu redonne un passeport social. Entre ces deux visions, le spectacle se transforme en arbitre moral.
Polémiques 2.0 : “bandits masqués”, violences symboliques et stratégie de com’
La diffusion d’une vidéo, “fuite” ou “bourde médiatique” selon l’entourage, amplifie la crise. Quand la Première dame, relais officiel de l’État, utilise un langage vulgaire pour défendre un artiste éclaboussé par des accusations graves, c’est toute une posture institutionnelle qui vacille. L’indignation monte. Les médias scrutent, les réseaux s’enflamment, les féministes réclament des excuses.
L’ironie mordante de l’insulte, “sales connes”, se retourne contre ceux qui l’ont proférée. Le débat sur le retour sur scène des personnes accusées de violence sexuelle, sur la mémoire des victimes, sur la parole publique, tout cela explose au grand jour.
Rire féroce, satire nécessaire : merci aux “sales connes” de faire bouger les lignes de cette Société fade
Alors oui, remercions les “sales connes”. Celles qui dérangent. Celles qui rappellent que la justice n’est pas la seule instance de la mémoire. Celles qui disent que le mot “non-lieu” n’efface pas un traumatisme. Que le rire ne doit pas être un pardon automatique.
Parce que sans elles, nul risque de retour sur scène, nul débat, nul compte rendu du passé. Sans elles, l’impunité serait silencieuse, sans écho. À travers l’insulte, la polémique, le chaos médiatique, c’est un miroir tendu à la société, un miroir que beaucoup ne voudraient pas voir.
"Sales connes". Brigitte Macron doit s’excuser.
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) December 9, 2025
On avait “la grande cause du quinquennat”.
On a une fin de règne en insultant celles qui dénoncent les violences sexistes et sexuelles.
Le couple Macron a cru faire disparaître l’affaire en demandant à Public de retirer la vidéo.… pic.twitter.com/YUQFXFuiTj

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