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Eikomania

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Journal de bord : L'expérience cannoise édition 2022.

Anha S.L x @eikomania.me

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Le Festival de Cannes, genèse et point d'orgue du cinéma français et international. On pourrait en rêver toutes les nuits de celui que l'on considère comme le Festival le plus grand du monde. Avant gardiste avec sa Nouvelle Vague Française et ses artistes sortis de la cuisse de Jupiter – un pseudo révolutionnaire Jean Luc Godard, une candide Catherine Deneuve, un bad-boy futur sex symbole Jean Paul Belmondo et un pinup Brigitte Bardot - ces derniers étaient inconnus au bataillon mais ont révolutionné la manière de faire des films. 

Héritiers de cette vague moderne, en 2022, nous codifions tout. Ce que l'on nous a transmis à savoir cette manière de filmer plus que réaliste faite avec trois francs six sous, on l’effectue machinalement dans des studios avec une centaine de personnes dont certains qui ne servent pas à grand chose malgré les dires de leur supérieur hiérarchique. On casse tout pour revenir à un cinéma mort.

Mon expérience au Festival de Cannes est mitigée : à la fois décidée de solder mes congés à Coachella en Californie ou bien à Cannes pour revoir les amis du 7ème art que j'avais laissés il y a trois années de cela. J'ai malheureusement décidé, par nostalgie mais par amitié, de choisir la deuxième option. 


18 Mai 2022 : Back to Cinema.

Arrivée à Nice, j'attends mon amie Anouk Meissner, réalisatrice du film "Nobody's Own Me"et ingénieure du son, que j'avais rencontrée lors d'un festival de films à Montréal fin 2018. Avant de revenir dans ce milieu que j'avais laissé il y a quelques années, me revoici et prête à plonger la tête la première dans ce bal des débutantes articulé autour des paillettes et de l'égo. 

Je savais que derrière les barrières blanches où cette mélodie lugubre retentirait, il y aurait des humains recouverts de lumière, le temps de quelques secondes.

19 Mai 2022 : Cannes or not to be ?

Gare de Cannes. On est arrivées. Palmiers, badges et canotiers qui déambulent dans les rues. Anouk connaît bien les lieux et pour une fois, je me laisse guider au lieu de naviguer à l'aveugle. 

Elle me fait une visite du Grand Palais. Accréditations récupérées, on file au Majestic Barrière : Lieu somptueux, pingouins à l'entrée et lobby boys à l'uniforme couleur "ficelle", des robes colorées virevoltent et nous laissent péniblement passer mais finalement on a pu accéder à un endroit paradisiaque et historique : "Le Pavillon Italien". 

Mon amie connait "la propriétaire" qui me fait penser à la mère du réalisateur de Mulholland Drive, non pas physiquement mais plus dans le fait de détenir une clé afin de pénétrer dans ce lieu si "privé". 

Rien de bien fou. J'ai l'impression que plus rien ne me fait rêver et encore moins les mondanités cannoises et les caprices de stars du petit comme du grand écran.

Seul moment heureux : le diner dans un petit restaurant italien où le serveur ressemblait à l'ex de Gwen Stefani dans son clip "Cool".

20 Mai 2022 : La loi du plus fort.

On rencontre des gens et des jeunes de nos âges. La vingtaine, quel beau moment. Surtout en 2022 ! Nous sommes des éternels adolescents en pleine découverte de la vie, qui ne font que de procrastiner et de rêver au-delà des frontières virtuelles imposées par notre téléphone intelligent. 

Assise poliment à une table d'une brasserie assez bling-bling et à la décoration clichée, je regardais ma montre imaginaire. L'endroit se voulait aussi cool New York, en portant quasiment le même nom et attirer les nombreux habitants de la terre de l'oncle Sam, mais il n'arrivait pas à la cheville de Big Apple.

Entre drague de mauvais goût et intérêt prononcé plus pour le réseau que pour l'amour du cinéma, je passe mon tour.  Et surtout ce que je retiens de cette expérience, c'est que l'on m'ait dit :


" T'as fait des films autoproduits
Okay mais c'est comme si t'avais rien fait...
Ça vaut rien "

Un film est composé de pixels et d'humains. Qu'importe le budget alloué ou la façon de faire. Il y en a qui ont oublié ce qu'était la production sincère proposée par la Nouvelle Vague d'antan. Triste constat. 

21 Mai 2022 : Fumer fait Tousser (à minuit)

Je serai bien restée à Nice. L'ambiance commence à me peser lourdement. Je n'ai pas envie de courir après les séances de films et après les gens. Nous avons vu le film d'Emmanuel Mouret, un de mes amis de famille, qui a été projeté à la salle Debussy. 

Toute cette foule autour de moi m'a empêché de le saluer et de discuter avec. Tant pis. Je me suis contentée d'un SMS. Il m'a dit qu'on se rappellerait vite. 

Puis ensuite, avant de partir diner, j'ai fait la connaissance de mon voisin de siège – un journaliste du Canard enchaîné qui enchaîne les projections et finit parfois par somnoler entre deux séances –. Anouk file faire une montée des marches pour le film Dodo

De mon côté, je me contente de marcher dans les rues de Cannes et de trouver un restaurant où il n'y a pas tous ces festivaliers. Je tombe sur un restaurant japonais où malheureusement, je reste sur ma faim. Faisant des "refresh" sur l'application afin de réserver ma séance pour celle de Minuit et de faire une montée des marches nocturnes, j'ai fini par avec le e-billet d'or. 

Dans la file d'attente pour la projo  de minuit, Anouk sort de la séance et a faim. Je finis par distribuer des crocodiles Haribo en gélatines à une dame puis sort de cette ramassis de personnes en costard et en robes de bal. Je voulais accompagner mon amie pour cette projection car connaissant la filmographie du cinéaste, ça allait être tordant. 

On s'est retrouvées avec des compagnons d'infortune qui quant à eux étaient des jeunes comédiens. L'un jouait dans les 3 Mousquetaires et un autre dans la série montpelliéraine "Un Si Grand Soleil". On a été dans la file du "last minute". Mais vu que j'avais un ticket, je devais passer par une autre porte. 

À l'entrée, on a fouillé dans mes affaires avant que je puisse fouler le tapis rouge. J'ai rejoint des cinéphiles qui avaient le fameux pass "3 jours à Cannes". Discussion passionnante et rigolade assurée devant un film de Dupieux aka Mr.Oizo qui nous rappelle à quel point les Power Rangers étaient mythiques.

Notre nuit où nous avons dormi à la belle étoile sur la plage de Cannes, l'était aussi. À part la drague de deux mecs aux paroles stéréotypées, on est rentrées le coeur plein de rêves dans notre contrée niçoise.


22 Mai 2022 : Le regard d'un âne bien triste. 

Eo de Skolimowski m'aurait bien fait pleurer si j'avais eu une place ou le temps pour voir ce film. Un jeune étudiant parlait de cet âne comme une oeuvre d'art. Une jeune hôtesse présente au marché du film m'a confié qu'elle avait pleurer devant le film de Sko. Et vous savez que je porte un amour pour ce cinéaste notamment avec son film Deep End sur les émois adolescents dans les années 70.

Hommage à Robert Bresson avec son Au Hasard Balthazar, l'histoire d'un âne triste qui est au final l'être le plus humain parmi ces gens remplis de vice et de cruauté. Eo, l'âne sarde, suit les traces de ce dernier et n'échappe pas à une destinée tragique. 


23 Mai 2022 : Film Market or Sea and Sun ?

Rien que de plus lassant que de courir dans le marché du film. Pour faire quoi ? Rien. Pire que de faire du shopping, on ne trouve jamais rien. Hormis un cocktail organisé par les différentes parties du monde, c'est du tape à l'oeil et ça me lasse. 

Je rêve de soleil, de quitter les bottines à talons et la robe pour un maillot de bain rayé afin de piquer une tête et d'être enveloppée dans les vagues mousseuses. Plutôt que d'harpenter indéfiniment le boulevard de la pseudo gloire et les allées du Film Market où les gens semblent déjà fatigués et font acte de présence. 

Coachella... J'ai une pensée pour toi. 


24-26 Mai 2022 : Des Connaissances de longue date, nice to meet you, do you remember of me ? 

Entre un "ami" québécois venu avec sa réalisatrice présenté son film à la Quinzaine des Réalisateurs qui m'a fait faux bond pour aller à la soirée de la Semaine de la Critique, Louis Garrel croisé sur le remblais, Pierre Lescure que l'on a frôlé et une connaissance qui fait le pied de grue à l'entrée du Majestic, le cinéma est une petite industrie où tout le monde se connaît. 

Les réseaux sociaux font le gros du boulot : 

"On connaît tout le monde mais 
personne ne nous connait nous ,
alors que l'on créé inconsciemment 
leur business."

Cannes reste une éternelle vitrine et c'est peut-être le seul moment où l'on voit le Carnaval des Animaux qui se font flasher par des photographes, ces collectionneurs d'images cultes publiées la plupart du temps sur des sites où l'information est baclée. 

Entre l'une de mes amies qui s'est vue coupée au montage d'un film et qui l'a appris à la fin de la projection de la Quinzaine des Réalisateurs, la rencontre avec l'un des acteurs anglais de The Fantastic Beasts et Sam, son ami lui aussi acteur à Londres, avec qui on a partagé notre soirée de parfaites "homeless" dans le jardin du Grand Hôtel – où des soirées plus que privées se déroulaient au-dessus de nous –, les soirées sur la plage de la Quinzaine, les petits déj gratuits sur la plage Nespresso, et être recalés à une soirée boboïsante j'ai réalisé que de se vendre soi et de répéter toujours la même chose, ce n'est pas mon truc.

Mais bon, à défaut de me rendre compte que le cinéma était définitivement quelque chose dans lequel je ne souhaitais plus travailler, Cannes reste une expérience de vie et parfois on se dit qu'il vaut mieux être dans l'ombre que sur l'écran où tous les regards plus ou moins bienveillants se braquent à la moindre chute ou écart sur le tapis rouge. 

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