Après le succès de l'année dernier et sept ans d'absence sur les ondes télévisuelles, la célèbre émission de télé-réalité a fait son retour avec une nouvelle formule qui s'axe davantage sur la stratégie et les épreuves à dilemme plutôt que sur les querelles et les coups de gueule qui finissent en même sur Internet.
Cette grande cour de récréation comparable à l'Assemblée Nationale ne fait pas l'unanimité auprès de la population française. Certains sont euphoriques rien qu'à l'idée de voir de nouveaux candidats et de parier sur leurs poulains préférés, d'autres sont plus mitigés voire récalcitrants de suivre cette mascarade sur les petits écrans où chaque action est commentée par des tweets assassins.
Avec les résultats chaotiques du premier tour des législatives, les Français sont davantage prêts à investir 99 centimes pour leur habitant favoris plutôt que pour les marionnettes politiques actuelles. On se demandera presque pourquoi la France croirait davantage la parole d'un candidat de télé-réalité qu'un parti politique. Vous avez quatre heures.
Un vote express, zéro conséquence
Ah, les Français, ce peuple qui préfère plébisciter un candidat de télé-réalité plutôt qu’un candidat à la présidentielle. La faute à qui ? À eux ? Aux politiciens ? Aux deux, mon capitaine. Pourquoi se donner tant de mal pour organiser ce Muppet's show tragique où tout le monde joue faux. Nul doute que les suffrages se portent davantage sur ces inconnus sortis de la cuisse de Jupiter.
Voter pour un candidat de Secret Story, c’est facile, rapide et sans engagement comme dirait les opérateurs comme Free ou Orange. Un petit SMS, et hop, voilà le devoir civique version 2.0. Pas besoin de se farcir des programmes incompréhensibles ou des débats ennuyeux aux paroles lacinantes. Ici, le seul programme, c’est « je veux gagner le chèque et je suis le plus fun des humains, regardez ce que je sais faire ». Une simplicité désarmante, qui manque cruellement à nos candidats en cravate.
Le roi du storytelling contre le technocrate
Les stars de télé-réalité ont compris la recette magique : une larme bien placée, un clash orchestré, un "secret" plus ou moins bidon, et voilà un héros de notre feuilleton quotidien. Ajoutez une musique dramatique, des caméras qui filment au moment opportun pour que les images deviennent un meme viral et le public est conquis. Pendant ce temps, les politiciens, engoncés dans leurs discours soporifiques, peinent à se vendre. Entre une star du prime-time et un expert de l’impôt et de la dette publique, le choix est vite fait.
Les Français ne veulent plus se prendre la tête pour mieux poser leur cerveau devant les infos du jour
La politique, c’est sérieux, c’est complexe, et ça engage l’avenir. Pas étonnant que ça fasse fuir. Pourquoi se casser la tête avec des choix lourds, alors qu’un vote pour le champion des clashs ne coûte rien ? Même si le dernier débat entre Marine Lepen et Emmanuel Macron a eu le lot de punchlines, on se souvient déjà en 2017 de la poudre de perlimpinpin qui a enflammé les tabloïds. Entre choisir un programme qui pourrait changer la retraite et élire celui qui a survécu au dernier prime, le Français zappe tout simplement les responsabilités.
Dans un coin, le politicien, vu comme un menteur professionnel, un expert en promesses envolées. Dans l’autre, le candidat de télé-réalité, un "gars comme tout le monde", un peu maladroit, mais au moins sincère (ou qui donne cette impression). Dans un monde où l’authenticité règne – ou du moins son illusion – la bataille est déjà perdue pour nos élites. Même s'ils se mettent à TikTok, c'est foutu, parce qu'on les a bien cernés.
Les réseaux sociaux et les pure-players font office de bascule à scandales
Les politiciens galèrent à trouver le bon timing pour parler à un public déjà déconnecté. Pendant ce temps, les stars de télé-réalité sont omniprésentes : écrans, réseaux sociaux, interviews… Ils sont là, tout le temps. Et qu’importe si leurs discours sont creux, ils restent dans nos têtes, là où les débats de fond s’évanouissent.
Au final, la télé-réalité, c’est de la bouffe à outrace, des team-buildings pour renflouer les cagnottes, des stratégies pour écraser les autres, une version canapé de Games of Throne. Et la politique ? Un château vide, où plus personne ne veut entrer. Résultat : le vote utile, c’est celui qui amuse. Mais pour un pays, est-ce vraiment un bon calcul ? Allons voter pendant la pub avant de reprendre Les Marseillais vs Le Reste du Monde Politique.
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