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@eikomania.me x Anha S.L |
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Présenté en ouverture au festival de Cannes de 2019 dans la section « Un Certain Regard », le premier long-métrage de Monia Chokri, la Femme de mon Frère n’a pas laissé indifférent la Croisette et le public français. Fort de son caractère pop et vintage, tout comme son héroïne, cette docteure en philosophie encore « adulescente » dans l’âme qui n’arrive pas a trouver un sens à sa vie et qui est confrontée à une crise existentielle précoce, interprétée par l’excellente Anne-Élisabeth Bossé, ce premier métrage nous rappelle de manière nostalgique le côté enivrant et hystérique des Amours Imaginaires de Xavier Dolan où la réalisatrice a fait une entrée fracassante, en tant qu’actrice, dans l’industrie cinématographique francophone.
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Aujourd’hui, elle se prête à l’exercice difficile et contrariant de la réalisation où son alter-égo prend place dans une comédie méchamment drôle qui mêle sentiments exacerbés, jalousie et des vannes faisant office de mitraillettes grâce à un montage ultra sur-cuté qui ne nous laisse pas le temps, parfois, de reprendre notre souffle pour déguster ce bonbon acidulé et délicieusement amer.
Bien que la comparaison avec Xavier Dolan soit facile, que ce soit dans le genre de la comédie dramatique aux dialogues parfois assassins notamment lors des disputes interminables ou du thème qui aborde les relations triangulaires, Monia Chokri traite avec singularité le trio frère, sœur, et belle-sœur irritante qui de ce fait, est l’antagoniste prête à redistribuer les cartes au sein de ce duo fusionnel et qui s’apprête à couper le cordon fraternel entre ces deux derniers qui flirtent à la limite de l’inceste.
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Entre poésie, ironie, amour de la mise en scène et des personnages, la réalisatrice réussit son pari avec ce film. Il est bien rare qu’aujourd’hui les premiers longs-métrages mettent en scène des personnages féminins avec autant de sincérité et de panache.
Cela est tout à fait louable et Monia Chokri avait sûrement cette volonté de créer un personnage fort au sein de cette autofiction colorée pour créer le contrepoint avec cette réalité aussi terne que maussade chez les chômeurs surqualifiés qui sont en train de passer à côté de leur vie en restant sur le banc de touche pendant les autres avancent, montent dans l’ascenseur tant sentimental, social que professionnel et marquent inconsciemment des points auprès de ce que l’on appelle la « norme ».
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Le film fait écho à notre génération et une réelle identification peut s’effectuer chez les spectateurs. Je reste persuadée que ce portrait de cette trentenaire peut retenir l’attention des générations antérieures car, aujourd’hui, un décalage se crée et s’installe dans cette société, dans cette génération nouvelle où l’on ne correspond plus aux normes d’antan.
La réalisatrice brosse ce portrait sûrement dans l’objectif d’ouvrir les esprits encore étroits et de montrer un autre aspect de cette jeunesse perdue parmi toute la foule qui tend petit à petit à s’uniformiser pour plaire à autrui. C’est dans ce miroir que reflète la rage de cette réalisatrice aux idées tendres et sauvages. La Femme de Mon Frère a gagné. Il a, d'ailleurs, remporté le prix coup de cœur d’un Certain Regard au Festival de Cannes, endroit privilégié où naissent les artistes et les cinéastes engagés à en devenir.
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