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@eikomania.me x Anha S.L ⚡️ The Neon Demon est le dernier film en date du réalisateur danois, Nicolas Winding Refn. Présenté au Festival de Cannes en 2016, il a suscité toutes les attentions et a fait couler beaucoup d'encre. Plusieurs films présentés lors des avants-premières cannoises et notamment dans les sections parallèles parlaient de cannibalisme. On se souvient bien évidemment du dévorant, Grave, de Julia Ducournau qui a provoqué des malaises horrifiques lors de sa tournée au TIFF à Toronto. Mais plus encore, le cinéma de Refn est désormais une référence. La presse le qualifie de réalisateur clipesque, maniaque de l'image et des couleurs tandis que d'autres, fait une ode à son génie psychédélique et daltonnien. Entre glamour et violence graphique, il n'y a qu'un pas. Bienvenue dans l'univers de NWR qui, cette fois-ci, nous emmène dans le monde sanglant et impitoyable de la mode. Il met les femmes à l'honneur et dédie ce film à sa femme, Liv. On se souvient de l'incroyable documentaire qu'elle a pu réaliser lors de son séjour à Bangkok pendant le tournage du violent Only God Forgives. |
Mais alors, The Neon Demon, vaut-il toute cette vague meurtrière de critiques et de mots sanguinaires pour le décrire ?
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Jusqu'au sang de diamant : la ruée vers le luxe.
On pourrait croire à première vue que The Neon Demon est un film coming-of-age, un peu teen au ton décalé sur les bords. Mais c'est bien plus que ça. Jesse (Elle Fanning), une jeune fille de 16 ans, débarque à Los Angeles, dans le but de réussir sa vie et de s'épanouir dans le mannequinat. Bien évidemment, malgré qu'elle soit "belle" – comme toutes les autres – elle a ce "truc", cette valeur ajoutée qui va provoquer des envieuses et don des envies meurtrières.
Ses aînées se sentent dévalorisées : elle est le soleil qui réchauffe les corps à la peau frêle et fait fondre la neige de l'hiver pour que les roses fleurissent. Cette particularité lui offre des possibilités immenses. Mais son innocence, sa beauté naturelle et ses valeurs flétrissent et se fanent à l'instar de la carrière éphémères des modèles.
Jesse monte les échelons, et laisse les autres sur le carreau qui ne pensent qu'à une chose : la dévorer. La notion vampirique est omniprésente : comme Erzebeth Bathory, une comtesse qui tuait des filles vierges pour pouvoir se baigner et boire leur sang afin de préserver sa jeunesse, les mannequins ont le même rituel.
L'une des dernières scènes dans cette salle de bain morbide le prouve. Ruby, Gigi et Sarah n'en sont pas à leur premier coup d'essai. La demeure luxueuse et vide est suspecte, leur désir pour la chair ainsi que les jeunes recrues venues de bleds paumés aussi. Refn a posé son cadre dans une ville où tout est vampirisé et artificiel.
La scène d'ouverture vraiment prodigieuse montre un meurtre sous les feux des projecteurs comme si le destin de Jesse était déjà scellé.
"Je ne veux pas devenir comme elles.
Elles veulent être moi."
Le photographe gentil et amateur, les prédateurs à l'arme photographique, les maquilleuses morbides qui jonglent entre le jour et la nuit et les clones qui se font refouler, on peut dire que Refn multiplie les personnages un brin caricaturaux. Cependant, il le fait avec classe et poésie, s'inspirant des légendes et des maîtres de l'horreur comme Cronenberg ou Dario Argento.
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La Beauté ne fait pas tout, mais elle est la seule chose que l'on peut vous dérober.
Dans le milieu de la mode, la plastique est tout ce qui importe. Corps retouchés, mutilés, sublimés mais à la morale douteuse. Chaque fille se ressemble, veut être plus que parfaite pour rester dans la tendance du moment. La mode les vampirise et elles-mêmes sont absorbées par ce système.
On façonne les jeunes filles comme un Pygmalion pour qu'elles deviennent des portes-manteaux sur pattes et après, ces personnes les jettent à la déchetterie parce qu'ils n'en veulent plus. La beauté se consomme telle un plat végétalien qui n'a aucune saveur.
Dans une des séquences, le créateur de mode interpelle le "boyfriend" de Jesse et lui demande de regarder Gigi, une fille retouchée – et appelée par son chirurgien "la femme bionique" – puis sa copine, qui est pure et qui n' a pas un brin de retouches, de plastique.
Le garçon émet le fait que la beauté ne fait pas tout mais le couturier lui rappelle que si elle n'avait pas eu ce physique, et ce, les nombreuses qualités intérieures que Jesse peut avoir, il ne se serait pas retourné sur sa personne, ne serait-ce qu'une seule seconde.
La beauté est artificielle et superflue mais elle forge notre identité. Elle laisse une empreinte indélébile dans les coeurs des humains et permet de fonder des relations. Et quand elle fait chavirer les coeurs, on les grave au rouge à lèvres avec un seul mot pour définir sa cible : "redrum".
En effet, cette beauté est sublimée par le très talentueux compositeur Cliff Martinez qui magnifie la scène du spectacle (le bandage et les images stroboscopiques qui représentent le côté rituel incantatoire et onirique du monde de la mode), la course poursuite dans le manoir ou encore l'incarnation du démon pendant la cloture du défilé.
La virginité et la pureté ne font que basculer au fur et à mesure du récit. Sur des thèmes musicaux cinglants qui vous prennent à la gorge et ces formes géométriques triangulaires qui vous donnent déjà l'impression d'être oppressés et d'être une énième victime de la mode, prête à se faire dévorer par toutes ces paillettes ruisselantes d'ambitions mais cannibales.
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